Le projet JAJAFFE est le fruit d’un travail collaboratif à travers plusieurs échelles. En premier lieu, une levée de fond basée sur le modèle de “crowdfunding” a permis d'engager la communauté et de renforcer la résilience de l’établissement. Ensuite, les mandataires, maîtres d’ouvrages et architectes ont travaillés exclusivement in situ, sans jamais réellement dessiner le projet. Des discussions instinctives, de la créativité brute et des solutions rusées ont permis l’accomplissement du projet.

Autrefois cachée derrière des murs, la nouvelle cuisine est dévoilée. Un des points de focale de l’agencement de l’espace de création est la mise en relation entre la fabrication des plats et la dégustation dans la salle. JAJAFFE laisse apercevoir ce moment spécial de la confection de plats, à travers une expérience sensorielle inédite : la vue, l’odorat, le son et le toucher.

Dépendant des inspirations saisonnières, de la matière première locale ou sourcée avec grand soin, les plats de la cuisine de JAJAFFE sont surprenants. Dans un procédé similaire, le projet architectural mis en place a permis de trouver la totalité des matériaux, mobilier et objets sourcés en deuxième main ou issus de recyclage et de récupération. Ce catalogue a finalement dicté la direction du projet créant à son tour un nouvel univers intriguant.

Une utilisation de matériaux bruts, issus de récupération ou de recyclage, une technique intelligible ainsi qu’une simplicité d’exécution rendent le projet durable. Financièrement, une levée de fond participatif ainsi que l’implication directe dans les travaux du maître d’ouvrage, ont permis une maîtrise des coûts accrue.

L’importance de la communauté gravitante, ayant engagé avec le projet, est reflété dans le résultat de l’espace : inclusif et accueillant. Cette proximité entre l’établissement culinaire et les individus permet une meilleure intégration sociale pour le quartier, créant un espace de partage important dans un contexte de densité urbaine hétéroclite. Finalement, le restaurant devient une extension d’un chez-soi.

Établi dans un contexte en mutation, par la suppression d’un tram sur la rue adjacente, le restaurant devient intrinsèquement acteur dans le développement urbain, actuel et futur. Situé entre un quartier d’habitation et le centre ville, le lieu œuvre comme condensateur social.

Le projet réinterprète les codes de restaurants d’époque: un sol en bois, des remontées aux murs, des plafonniers farfelus et des chaises grinçantes. Un lieu rassembleur et chaleureux mais intriguant par les matériaux contemporains et détournés, mélangeant tant les habitués que le cercle proche créant un véritable noeud social.

Le choix des matériaux, mobilier et objets s’est fait à travers leur disponibilité ou découverte au moment de l’exécution. Le langage architectural découle directement de ces contraintes et représente l’image de cet instant, telle une capsule temporelle. Dans un autre calendrier, le projet aurait été imaginé différemment, avec les matériaux disponibles à ce moment.